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Pourquoi créer l’Association pour la Promotion de la Paix au Sahel et en Savane ?

Les phénomènes du terrorisme et de l’extrémisme violent sont devenus, ces 20 dernières années, des préoccupations mondiales. Premiers problèmes de sécurité des Etats dans le monde au 21e siècle, l’Afrique est actuellement le continent le plus durement impacté, notamment les pays du G5 Sahel.

A l’instar des autres pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Tchad), le Burkina Faso est en proie à des attaques terroristes de plus en plus fréquentes et meurtrières. En butte à une crise sécuritaire depuis 2015 et qui est à un point culminant, le Burkina Faso est aujourd'hui l'épicentre du terrorisme dans la région du Sahel et en Afrique.

La situation sécuritaire dans le pays est caractérisée par la recrudescence des attaques terroristes (armes automatiques et des engins explosifs improvisés), les enlèvements de personnes et des assassinats ciblés, les destructions de biens matériels (véhicules, motos, écoles, mairies et préfectures, services de sécurité, centres de santé, marché, etc.), les affrontements inter communautaires, les développement du grand banditisme et de la délinquance transfrontalière (attaques à mains armées, des viols, les rapts de bétail, la vente de drogues et autres stupéfiants), les opérations militaires et état d'urgence décrété dans les régions et les provinces, les blocus sur certaines localités et inaccessibilité pour d’autres.

L’escalade de cette violence provoquée par les groupes extrémistes violents a pour conséquence des pertes en vie humaines civiles et militaires, des blessés, des mutilés, des déplacements massifs de populations (PDI et réfugiés), des besoins croissants et multisectoriels (Abris et articles ménagers essentiels (AME), Education, Eau, Hygiène et Assainissement, Nutrition, Protection, Santé, Sécurité Alimentaire), l’insécurité multidimensionnelle (personnelle, économique, politique, sociale, environnementale, sanitaire, etc.) des populations, la pression sur l’exploitation des ressources naturelles qui mettent à rude épreuve la paix, la quiétude et la cohésion sociale, la sécurité et le développement socioéconomique et socioculturel du pays.

La situation humanitaire reste très préoccupante. Au Burkina Faso par exemple, de 87 000 personnes déplacées internes (PDI) en janvier 2019, le nombre de PDI à la date du 31 janvier 2023 selon Secrétariat Permanent du Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (SP/CONASUR est estimé à 1 938 792 individus dont 968 664 enfants, 545 876 femmes et 424 252 hommes. On note une augmentation de 3% comparé aux données du 31 décembre 2022 qui étaient de 1 882 391 PDI. Comparé à janvier 2022, on note une augmentation de 11% dans le nombre de PDI enregistrés.

Si le top 5 des régions qui enregistrent le plus de PDI sont le Sahel (25,7%), le Centre-Nord (25,1%), le Nord (13 %), l’Est (10,8%) et la Boucle du Mouhoun (5,6%), le caractère mouvant du phénomène a fait que les régions de la Boucle du Mouhoun, Cascades, Hauts Bassins et Sud-Ouest ont vu une augmentation importante de personnes déplacées internes dans ce mois de janvier 2023.

Les principaux motifs de départ selon le rapport de situation UN OCHA au Burkina Faso à la date du 15 mars 2023 sont entre autres : le conflit armé entre les forces de défense et de sécurité (FDS) et les Groupes Armés Terroristes (GAT), les attaques des GAT, les persécutions, les violations de droits humains et les motifs économiques. Aussi, les besoins humanitaires au Burkina Faso n’ont-ils jamais été aussi importants : 3,5 millions de personnes soit 84,85% ont besoin d’assistance humanitaire, 46,09% d’abris, 38,39% d’argent liquide, 32,94% d’article non alimentaire et 12,75% de sécurité. Les femmes et les enfants sont les plus vulnérables d’entre eux.

Face à l’excroissance des actes de violence au Burkina Faso depuis 2015, outre les actions concertées au niveau régional initiées sous l’impulsion du G5 Sahel, avec les pays frontaliers, des initiatives à l’interne aussi bien par les organismes étatiques que non étatiques à l’effet de prévenir et de lutter contre le terrorisme ont été développées.

Ainsi, de nombreuses communautés rurales captives de l’insécurité générale ont décidé de s’organiser pour faire face aux groupes extrémistes violents. Prises au piège des vols de bétail perpétrés par de petits groupes d’hommes anonymes et des incursions djihadistes, elles se sont armées pour assurer leur propre sécurité.

Cette prolifération des groupes d’autodéfense est également favorisée par les États qui ont souvent armé et appuyé certaines d’entre elles. Malheureusement, ces groupes se sont souvent arrogé des pouvoirs de police et de justice et appliquent leurs propres lois dans certains pays dont le Mali et le Burkina Faso. Ils seraient même responsables de nombreux massacres de Peuls dont Yirgou en janvier 2019 et Nouna le 30 décembre 2022.

Accusées d’être des djihadistes, certaines communautés, notamment Peules, subissent plus que d’autres les exactions des soldats et des groupes d’autodéfense. En effet, les amalgames associant Peuls et terroristes, les blâmes pour les attaques des groupes terroristes, le durcissement des contrôles au faciès, le placement sur des listes terroristes répondant à des critères arbitraires, les faits de violence physique et psychologique, les exécutions extrajudiciaires, les griefs de spoliation des éleveurs et les massacres de masse dont ils sont la cible, qui ne font que consolider leur sentiment de stigmatisation ont fait le jeu des extrémistes pour favoriser le recrutement dans leurs rangs. 

En outre, les GAT ont obtenu un certain soutien local grâce à des mesures populistes telles que l’interdiction des frais de pâturage, et en faisant écho aux doléances des jeunes éleveurs contre les textes règlementaires en matière de pâturages et le système foncier existant.

En plus du recrutement par le biais des écoles coraniques, les GAT auraient recours à la coercition et à l’intimidation pour recruter de nouveaux membres. Ce sont là, autant de facteurs qui peuvent avoir des répercussions négatives sur la lutte contre l’hydre terroriste au Burkina Faso.

Du reste, les réponses essentiellement sécuritaires ayant montré leurs limites, pour impulser une meilleure réponse au phénomène terroriste, aussi bien au niveau local, national, régional qu’africain en vue d’assurer une résilience des communautés, il s’avère nécessaire de développer des approches novatrices pour conquérir les esprits et y élever les défenses de la paix.

C’est eu égard à ce qui précède et convaincu que l’ethnicisation du terrorisme va nuire à la cohésion sociale, condition indispensable pour éradiquer l’hydre terroriste que le 4e Congrès Mondial du Pulaaku, placé sous le haut patronage du Premier Ministre du Burkina Faso, s’est tenu les 15, 16 et 17 septembre 2022, à RAN Hôtel Somkieta de Ouagadougou, sous le thème : « Apport du Pulaaku à la promotion de la paix au Sahel ». Les trois cent trente-sept (337) congressistes en présentiel et les centaines d’autres en ligne, d’une quinzaine de pays ont pris des engagements parmi lesquels la création de l’Association pour la Promotion de la Paix au Sahel et en Savane, en abrégé APS.